Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

12.6.13

BLUE GRASS BANDITS DE PETE HENNIG

Étonnant le décor que cette peinture de Stéphane Cattaneo offre aux musiciens de passage au Black Dog ce mois-ci, cette idée du monde, de ses éléments, de son beau désordre, de sa terre. Pete Hennig et ses Blue Grass Bandits semblent en être les enfants naturels. Le groupe n'était pas au complet ce lundi soir (1) et Kevin James (guitare, harmonica, chant) et Tony Comeau (violon), appelés à la rescousse, sont venus en renfort d'Hennig (banjo, batterie) et de Neil Powell (contrebasse). Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ne déméritèrent pas de l'appellation de forbans d'herbe bleue. La pétulante version de "Foggy Mountain Breakdown" pour terminer le premier set (dans la mémoire populaire, titre associé - par la grâce d'Arthur Penn - au couple Bonnie Parker et Clyde Barrow ) nous rappelait l'hospitalité d'exception que St Paul offrit aux belles canailles durant de nombreuses années.

Pete Hennig et ses fripons inventifs jouent la douce insistance d'une lumière de toujours, d'une énergie infatigable de rire et de désir, un simple appel au passé sans blessure nostalgique. Une musique d'amitié qui s'agite bien dans l'aire naturellement propice à la fête. "Et si on danse ?" aimait à répéter Gaston Lagaffe, penseur essentiel de la seconde partie du XXème siècle. Répondre enfin "On danse" est nourrissant et stimule le chant. Alors Kevin James, dégaine de hobo, a chanté de sa voix de sublime innocence, de victoire inspirée de l'amour. Le temps de l'enfance dure des millénaires, celui de l'expérience quelques instants. Le gué qui les unit est le lieu véritable, espace féticheur à la surface de la mémoire. "Tombstone Blues" de Bob Dylan fut bouleversant, du grand œuvre de bandits éclairés. La nuit tombée, on se sentait un peu plus libre en sortant du Black Dog après cette providentielle aubade.

 (1) à propos des débuts du groupe : Le sourire de Pete Hennig : Banjo vit 


Photos : B. Zon, peinture Cattaneo  

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