Enfants d'Espagne

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2.4.13

URSUS MINOR AU CARRÉ BLEU

par Thierry Mazaud *

C’était un jeudi soir. Ursus Minor était programmé au Carré Bleu, à Poitiers. Presque 200 bornes… Environ trois heures de route. Tout à fait jouable, quoi !

Sur place, Jean Rochard nous annonce la découverte d’un guitariste d’un peu plus de 20 ans et qu’on « va voir ce qu’on va voir ». L’œil est malicieux. Nous découvrons aussi que c’est Patrick Dorcéan qui remplace Stokley Williams à la batterie. C’est sympa. Ca nous fait avoir une pensée pour Jef Lee, à qui le concert sera dédié par la voix de François Corneloup.

Dominique Pifarély est par là. Il est venu en ami et en voisin. Il n’a pas trois heures de route, lui ! Il rejoindra le groupe sur scène pour le rappel. En deux interventions tranchantes et exaltantes, Pifarély va mettre en évidence deux choses. D’abord, c’est bien dommage, et bien triste, et étonnant aussi, que ce mec ne soit pas plus souvent programmé sur les scènes et dans les festivals. Mais il a prouvé également qu’Ursus Minor est décidément une merveilleuse machine à intégrer les talents, à fabriquer de l’amitié et de la connivence artistique. C’est un havre où les invités, les amis, les camarades, se pointent pour se gaver d’enthousiasme et de valeurs partagées. C’est un festin continu.

Avec Ursus Minor, on sait qu’on va écouter de la musique mais aussi parler de tout ce qui est tu, souvent. Notre-Dame-des-Landes, les Pussy Riots, Lucy Parsons… Un groove politique et humaniste, jamais didactique, toujours léger sans être parcimonieux (oh que non !). Ursus Minor, c’est sauvage et classe. Rebelle et distingué. Les tauliers (Tony Hymas et François Corneloup) ne seront jamais sages et c’est bon de le savoir. Desdamona et Ada Dyer sont deux voix de l’Amérique qui crie et qu’on entend plus des masses. Et oui, Jean Rochard a raison, Grego Simmons est un putain de guitariste ! En quelques jours d’une tournée française, à l’heure où le Président se payait notre poire, le Californien a pris son tour : il fait partie de la galaxie Ursus Minor.

Pour nous autres, il y a trois heures de route pour quitter Ursus Minor. C’est pas grand chose. C’est même une sorte de plaisir particulier de retrouver ces bribes de nuit où c’est le pied de mettre des mots sur nos émotions, même claqués. Ce soir, comme l’a dit Tony, c’est « Full moon ». Piquée sur la toile sombre de la nuit brille une constellation d’ours mal léchés. Ce sont les plus mignons, c’est bien connu.

* Thierry Mazaud est responsable du festival Kind of Belou à Treignac
Très grand merci à Matthieu, Mathilde et Miké ainsi qu'à la présence irremplaçable des Mondes du Disque, disquaire de Poitiers

Photographie : Virginie Crouail .

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