Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

19.3.12

EMILIE LESBROS ET SES AMIS DU MINNESOTA : ILL CHEMISTRY, NATHAN HANSON ET AUTRES BLACK DOGS



















Le vol New-York Paris d'Emilie Lesbros fit escale dans les Twin Cities (Minneapolis - St Paul). Elle y resta donc quatre jours, le temps d'y déposer sa musique, de s'imprégner de celle de ces peuples lacustres, semer et glaner doucement tout en même temps de splendides lueurs d'unique détermination, d'unique déterminé.

Le Black Dog sera le centre de ces aventures faites d'évocation des sources, de langues inséparables, de poésie sans embuscade, de naissances sans otages.

Jeudi, Emilie joua seule en préambule à la soirée balkanique de Orkestra Bez-Ime et du Yale Slavic Women's Choir, et toucha direct car la danse est pur mouvement, Emilie sait le chanter.

Vendredi après que Todd Harper (piano) avec son nouveau trio The Topical Birds (Corey Grossman au violoncelle et Ricardo Bennett aux percussions) nous rappelèrent par la discrète citation de A Love Supreme qu'il était bien question de cri de ralliement et non de quête spirituelle dépassée, après que Craig Johnson nous fit découvrir, seul au piano, les compositeurs finnois du siècle dernier, après qu'il eut joué Hanns Eisler avec toute la témérité nécessaire à ses pages viennoises, Emilie répondit à l'invitation de Nathan Hanson (saxophones ténor et soprano) pour un duo où d'emblée surgit la note exacte d'un même continent nécessaire. Étreinte ! Art de la courbe comme geste d'amour, dénonciation des ténèbres. Version poignante de "Gloomy Sunday", chanson originellement nommée "La fin du monde" par son compositeur Rezső Seress. Paul Robeson, puis Billie Holliday en donnèrent de poignantes versions, Emilie Lesbros et Nathan Hanson aussi ce 16 mars. Quelque chose de très puissant, débarrassé de tous contours - l'humanité en question - passa dans la salle à ce moment-là. Unique et déterminé ! Le duo invita Desdamona présente au Chien Noir à se joindre à eux. Elle delivra un de ses poèmes : "A small liberation". On ne saurait mieux qualifier l'état de conscience à la fin de ce set, empreint peut être aussi des peintures de l'Ojibway Frank Big Bear vues l'après-midi à la Bockley Gallery de Minneapolis.

Dimanche, retrouvailles avec Ill Chemistry et félicité à tous les étages, le genre de moment où tout flotte pour le mieux. La musique, elle, flotta de son plus beau visage de vivant. Le solo d'Emilie incarna une belle apparence d'un infini tactile : une perle. Desdamona distribua ensuite des affiches du festival Sons d'Hiver, disant toute l'importance de ce festival. L'histoire sans cesse. Ill Chemistry déploya ses pulsations, rejoignant en tous points, avec son énergie propre, le chant d'Emilie autant que les aspirations de la salle. Desdamona sait toujours rappeler ce que l'on doit aux femmes. Les Veterans for Peace prenaient pendant ce temps là, à l'autre bout de la salle leur premier dîner après un jeûne de protestation (et cette association d'anciens combattants résolument opposée à la guerre sait de quoi il s'agit). Quelqu'un a dit "Communion complète" ? Nathan Hanson, présent dans la salle fut tout naturellement appelé avec son soprano (il faudra bien dire à un moment quel soprano est Nathan Hanson), ainsi qu'Emilie pour un quartet final (personne ne voulait que ça s'arrête) d'une densité jouissive. Les toiles de Luke Hillestad s'animaient déjà depuis un bout de temps aux fameux rythmes de Carnage the Executioner. La bonne musique peut faire croire à tous les changements. Il ne tient qu'à nous pour la suite. Plus tard, alors que les conversations allaient bon train, sur le trottoir, Willie Murphy - spectateur régulier de ces soirées - entama (sous les yeux émerveillés d'Emel Sherzad) un duo a capela avec Emilie : un extrait commenté de "Sophisticated Lady". Les rêveurs peuvent prendre la vie en charge.









































































































































Photos : B. Zon


Les terrains d'entente d'Ill Chemistry et Emilie Lesbros

1 commentaire:

Andrea a dit…

C'est moins triste que vos derniers posts. Ca ragaillardi