Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

24.9.10

RÉPONSE À UNE QUESTION
SUR LES LIAISONS ENTRE nato ET DUNOIS




Chère Mahalia, en réponse à ta question et puisque elle arrive conjointement à ces deux pages de l'ouvrage de François Morey qu'il a eu la gentillesse de nous rappeler chaleureusement hier, je t'adresse ces quelques mots à l'approche des deux concerts au Dunois avec Lol Coxhill - Barre Phillips - JT Bates et Steve Beresford et Matt Wilson les 2 et 3 octobre prochains ; je les pose ici aussi. Je te remercie.

Je me souviens très bien de la toute première fois où je suis allé au Dunois, c'était avec Manuel Bugard qui écrivait pour Jazz Magazine. Je crois que c'était Jef Sicard qui jouait ce soir-là. L'endroit était différent. Ça n'avait pas l'air d'être à Paris ou bien dans le Paris de la Commune. Un endroit immédiatement irrésistible. Et puis en 1979, on a commencé à se parler avec Sylvain Torikian et Nelly Legrevellec alors qu'avec Violeta Ferrer, qui y dira Lorca souvent, je venais régulièrement à ce 28 rue Dunois. Il n'était pas possible de faire autrement. On se parlait facilement à ce moment-là. Je veux dire, on se parlait en s'écoutant, en se regardant, en circulant. L'idée de nato se dessinait et Chantenay avait commencé en 1978. Tout ça était en même temps. Le 28 rue Dunois était l'accueil inespéré de ce qui ferait le lien entre le passé et le futur. Le Dunois était le présent auquel nous étions si attaché et qu'on tentait de nous confisquer. La musique s'est faite là pendant plusieurs années. Lorsque les premiers disques nato sont sortis, c'est au Dunois que l'on a fêté ça, il y avait du pain et des rillettes. On a beaucoup rit, gambergé, tourneboulé, chahuté, bricolé, comploté, démoli, reconstruit, hurlé, aimé. Lorsque cette période s'est achevée, c'était comme émigrer ailleurs. Il le fallait, mais ce n'était pas facile.

Les murs se sont déplacés et Dunois a repris un autre souffle comme nato aussi ailleurs, parfois haletant (avec le temps) et en 1995, nous y sommes venus avec Left for Dead. Les Indiens y étaient bien. Ce n'est pas rien.

JR

François Morey : Jazz Indépendant Cinq labels d'aujourd'hui
(Discothèque des halles - 1988)


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il y avait aussi Hat Hut ECM et Owl