Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

10.5.09

UNE AFFAIRE DE FAMILLE



Rich Broderick, écrivain membre des Poets against the war, l'un des tous premiers groupes d'artistes à s'opposer effectivement aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, le rappelait avant la prestation de Junkyard Empire ce 9 Mai : "Le Black Dog est plus qu'un café, c'est surtout une accueillante famille".
Depuis trois ans le café minnesotan organise une Block Party à la faveur d'événements particuliers. Il ne s'agit pas d'une date instituée, mais de quelque chose qui à un moment s'impose, s'invite serait plus juste. En 2007, la rencontre avec Brother Ali avait été l'occasion de bâtir un premier essai mémorable au mois de juillet, en septembre 2008 le Black Dog se fit l'île nécessaire à tous les opposants de la Convention Républicaine et y mit sur deux jours pas mal de musique, et cette année, c'est le passage en terre d'Amérique de Tarace Boulba, fanfare associative de France, qui décide de cette belle après-midi de Mai.

Le groupe, après un séjour louisianais à Lafayette et la Nouvelle-Orléans est arrivé en autocar dans les Twin Cities en suivant les rives du Mississippi, ce qui pourrait être une habitude française depuis Joseph Nicollet, premier cartographe du haut bassin du fleuve dans les années 1830. À Minneapolis, ils sont invités par Emily et Chuck Boigenzahn, un couple qui a vécu à Clichy pendant six années en y tenant un café-librairie, le Bouquin Affamé. Ils joueront au Triple Rock de Minneapolis avec le groupe d'Emily, RuDeGiRL (groupe féminin spécialisé dans les reprises des Clash) ce soir du 9 mai, mais auparavant, grâce à une connexion de Jean-Michel Mercier, mousquetaire d'Asperanto (agence artistique qui s'occupe, en France, des tournées de groupes ayant un lien avec les Twin Cities - Fat Kid Wednesdays et Ursus Minor), Tarace Boulba est reçu au Black Dog de St Paul qui a, pour l'occasion, organisé une troisième Block Party. Y sont conviés quelques habitués du lieu comme le groupe de hip hop-jazz Junkyard Empire (lire les propos de leur MC Brianhu dans le numéro 24 des Allumés du Jazz - thème : Jazz et Lutes), la fanfare des Brass Messengers, les groupes de rock Aviette et Farewell Pluto, l'orchestre de jazz-country-musette Café Accordion ou la MC Maria Isa qui présente ses élèves portoricains en début de programme.

Si le froid, aussi soudain qu'inhabituel pour la période, tend à faire se replier le public à l'intérieur du café, la voix de Maria Isa retourne la situation météorologique et le printemps s'installe à nouveau au son des vents et marrants de Tarace Boulba. Energie et humour deviennent toujours les ressources créatives de l'existence. Les membres de la fanfare basée à Montreuil seront aussi, après leur tonifiante prestation, les hôtes des vivifiants Brass Messengers et de Café Accordion, groupe qui compte "Indifférence" à son répertoire ainsi que des thèmes de Serge Gainsbourg ou du Hot Club de France, occasion d'une souriante participation vocale à la pirouette de Camel.

Junkyard Empire délivre quelques titres de leur EP à la sortie imminente, Rebellion Politik. La préoccupation de l'action comme inflexion du réel est la poésie vécue. La musique et les mots de Junkyard Empire rappellent à chaque instant que nous sommes tous qualifiés pour changer le monde. Aviette s'envole à vitesse humaine, le coeur de l'éclair est un endroit de douceur. A Farewell Pluto revient la conclusion, outrepassant heureusement la ferme "tolérance" d'un dépassement de 5 minutes de l'agent policier de service (l'autorisation de blocage de la rue est cette fois limitée à 19 heures) pour les transformer miraculeusement en 15 (à chacun sa montre). Farewell Pluto chasse les mauvais fantômes, bien aimer est une révolte.

Et puisque Rich Broderick promena tout l'après-midi un livre de son poète favori - comme en écho de circonstance à une chanson exposée de Junkyard Empire - le Palestinien Mahmoud Darwish, nous emprunterons quelques mots à ce dernier : "J’essaie d’élever l’espoir comme on élève un enfant. Pour être ce que je veux, et non ce que l’on veut que je sois".

Photos B. Zon

1 commentaire:

Rob a dit…

Those French guys were killing