Enfants d'Espagne

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28.3.09

NEXT : JOURNAL DE PRINTEMPS (8)
27 Mars : Langonnet – La grande Boutique


Jour par jour, le Glob de nato publie le journal de tournée de printemps du groupe Next de François Corneloup (avec Dominique Pifarély, Dean Magraw, Chico Huff et JT Bates). Au pays du Roi Morvan (qui mit la pâté au fiston de Charlemagne - on en prendra de la graine), La Grande Boutique est lieu de retrouvailles et de découvertes.

Texte et photo François Corneloup (sauf groupe et minifilm : B. Zon)





Jour 8 – 27/03/09 : Langonnet – La grande Boutique

Ce soir, c’était autre chose, tout autre chose… Nous laissons derrière nous l’imposant édifice voué à la diffusion artistique nationale à grande échelle que Michel Orier son directeur, par ailleurs fondateur en d’autres temps du notoire Label Bleu dirige avec un éclectisme subtil, malgré le lourd cahier des charge qu’impose un tel établissement. Ici à la Grande Boutique, la donne est un peu différente. Le concept qui anime Bertrand Dupont, son créateur est d’implanter au cœur d’une région déjà riche de cultures, un outil de diffusion tous azimuths. Agence artistique, production de concerts, studio d’enregistrement, label (Innacor) sont les activités multiples qui irriguent un réseau de production artistique ou dominent les musiques traditionnelles. La politique de la maison est d’agir localement comme un catalyseur des énergies artistiques. La démarche n’est certainement pas ici de chercher à rentabiliser artificiellement un fond de commerce local en le dopant à coup de libéralisme importé de la capitale, jusqu’à en arriver un événementiel surdimensionné qui, comme une sorte de trou noir mercantile dans le paysage culturel et économique local finit par absorber tout ce qui se fait de vivant en matière de diffusion culturelle autour de lui. On aura compris que l’on parle des « Vieilles Charrues », événement voisin gigantesque qui n’est rien d’autre que le parachutage régional du marché du disque multinational justifié politiquement par l’incontournable argument d’un soi-disant regain de l’économie locale duquel ne profitent au bout du compte, qu’une minorité. Mais à La Grande Boutique, Il n’est pas question non plus d’un repli conservateur et protectionniste sur une certitude identitaire folklorique. La Grande Boutique pratique le métissage, l’hybridation culturelle depuis longue date. Mais ce n’est pas pour trouver la recette miracle façon World music. Si j’en crois le discours attesté par les résultats de ceux qui en cultivent l’état d’esprit, l’enjeu est bien plus subtil et encore plus profond : Par une prise en compte réelle des facteurs de terrain mesurés le plus intimement, dans la culture, dans l’humain et dans l'économique, La Grande Boutique entend être un point d’appui suffisamment solide pour propulser ses artistes vers des champs d’expérience nouveaux, créer des espaces-temps concrets où la rencontre des cultures dépasse le processus simpliste du formatage commercial. Ici le mouvement est double : Assumer la conscience d’une spécificité artistique pour la mettre en jeu encore plus sincèrement dans une prospection ouverte sur le monde.
Porté par le génie du lieu, nous savions donc que nous pourrions profiter du temps que nous offrait cette maison. Mais c’est bien autre chose qu’une stérile béatitude bucolique qui règne ici. La conscience de l’Histoire vous y incite presqu’à votre insu à une vigilance du sensible, comme en accentuant l’acuité artistique. Presque comme un orchestre traditionnel, Next commence à dérouler tranquillement son inconscient collectif. Car en effet, le temps passé ensemble commence à nous faire oublier que c’est nous qui avions inventé ce groupe. Nous regardons l’orchestre avec un détachement maintenant suffisant pour aborder l’ouvrage, enfin débarrassés de cette crispation excessivement coercitive que génère parfois un illusoire instinct de la propriété. Toutes les conditions sont donc réunies pour que l’inouï advienne. C’est paradoxalement dans un retrait progressif de l’orchestre que s’exprimera le moment peut-être le plus intense de ce concert. Comme dans une sorte de ressac sonore, nous apparaîtra un très intime duo violon-batterie. Jouant du silence, JT Bates et Dominique Pifarély nous murmurent dans une complicité subtile une scène minimaliste qui n’a pourtant rien d’un aparté . Nous sommes au contraire pleinement conviés à cet échange. Le plan se resserre au plus près de visages pour en saisir la moindre expression. Nous sommes suspendus à leurs lèvres et ce qui nous est dit à cet instant a quelque chose d’universel.

Next is now : La tournée de Next

Rubrique Next in Glob

Blog de Dominique Pifarély


Chorus de Dominique (Salut à François Bon)

1 commentaire:

Marc a dit…

Cette initiative de voir un artiste en action se livrer chaque jour aussi finement et sincèrement au travers d'un journal est excellente. Surtout quand les propos sont d'une telle tenue, loin des narcissismes en vigueur sur trop de blogs. Vous nous faites partager quelque chose d'assez rare qui aide à comprendre ce qui se passe.
Merci beaucoup et à bientôt de voir Next quand il vont très bientôt passer près de chez moi.