Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

25.8.08

MINUTE PAVILLON !



Napoléon IV, à peine "élu" en l'an 2007 souhaitait une "France des propriétaires". Une des qualités indéniables du pouvoir est qu'il a de la suite dans les idées. Le 13 juillet 1928, le ministre du travail et de la prévoyance (IIIème République), Louis Loucheur, voyait adopter sa loi favorisant l'habitation populaire grâce à l'intervention financière de l'État. Loucheur, ministre de l'armement pendant la première Guerre Mondiale puis de la reconstruction industrielle à l'Armistice, avait bien compris qu'"un propriétaire, même petit, ne se révolte pas*. La France allait battre pavillon pavillons.

Le cinéaste Frédéric Ramade, réalisateur de Raconte-moi (série de 12 épisodes sur les mythes des légendes et contes) et d'une partie importante du magazine géopolitique Le Dessous des cartes d'Arte est né et a grandi dans la zone pavillonnaire de Fondettes (village de la périphérie de Tours cité dans la définition de Cellettes dans le diconato). Fondettes, petit village typique d'une certaine douceur tourangelle, a vu sa population plus que tripler depuis 1968. Mais les nouveaux habitants des années post-révolutionnaires (navigation pompidolienne puis giscardienne) de cette localité d'Indre-et-Loire, où l'église est encore pleine le dimanche, ne sont guère Fondettois et Fondettoises ; plutôt une population anonymisée de la grande banlieue de Tours. Se livrer à une démonstration implacable parce que distante et arrogante parce que lointaine (par le haut) serait chose somme toute facile vue d'un confortable nid parisien. Frédéric Ramade s'en garde bien. Il ne joue pas les citadins anthropologues aux constats sétriles. Il est simplement revenu avec sa caméra vivre entre ses parents le temps d'un tournage. Il appréhende la réalité de ce drôle d'habitat et pour ce faire, met à bas le style en excellent (dé)constructeur. Il veut savoir parce qu'il connaît. Le film tend vers une substance inédite, un imaginaire pavillonnaire, une sorte de préhistoire qui se dessine sous nos yeux. Ode pavillonnaire en tout cas ne fait pas d'orphelins, il a cette amitié. Les questions apportées par le moyen métrage (donc par sa réussite) tendraient à prouver qu'une approche tendre (et un brin amusante) donne les meilleurs résultats. Le bon voisinage peut voir bien plus loin que son nez, grattant même à l'occasion les nasaux de Marcel Duchamp et Jules Bonnot.

Si vous avez raté la diffusion de "Ode pavillonaire" dans les salles de cinéma au printemps dernier, ruez-vous sur le Livre DVD, le livre est aussi intéressant que le film. Le film est produit par Atopic, déjà responsable des films de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet Une visite au Louvre, de Guy Girard sur le trompettiste Jac Berrocal Les Chants de Bataille et de Judith Abitbol sur Denis Colin Something in Common dont on attend impatiemment les sorties DVD.

Ode Pavillonnaire, un livre DVD Filigranes-Atopic (Contre allée distribution)

* citation page 32 du fascicule

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis architecte, une profession assez coupable d'avoir méprisé cet habitat.