Enfants d'Espagne

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16.12.07

SOLIDARITE FRATERNELLE AVEC LES TRAVAILLEURS DE LA FNAC (5)



Communiqué de Sud Fnac

"A LA FNAC AUSSI : LE PERE NOEL EST UNE ORDURE.

Tandis que le p-d-g de la fnac plastronne dans les médias à la tête d’une commission gouvernementale, précieux outil de lobbyisme pour mieux mettre en place sa politique économique interne, tout en annonçant par ailleurs des résultats mirobolants de l’entreprise qu’il dirige, son plan de dégraissage du personnel de la fnac connaît une nouvelle accélération.

Voracité.

La litanie de résultats clamée sur tous les toits depuis quelques mois déjà, conférence de presse aux invités soigneusement choisis à l’appui et communication massive en interne, assortie de quelques maigres commentaires et surtout d’une ambition (dévorante) affichée, confine désormais à la voracité :
- « un chiffre d’affaires de + 5,7 %, atteignant 3 milliards d’euros »
- « un résultat opérationnel en progression de 22,7% »
- « 2007, l’année qui aura vu le plus grand nombre d’ouvertures de magasin : 7 à l’étranger, 7 en France »
- « avec 10 milliards d’euros, la périphérie représente la moitié de notre marché total accessible en France. Soit la possibilité de doubler de taille ! »
- « D’ici à la fin 2007, nous allons également étendre notre accord de partenariat avec Système U pour développer dans certains de leur magasins un espace spécifiquement dédiés aux produits culturels »
- « notre réseau s’amplifiera encore en 2008 avec l’ouverture de 15 nouveaux magasins, dont 5 en France »
- « Recélant un potentiel de près de 100 millions d’euros d’ici à 2010, on comprend que le service d’assistance à domicile soit l’objet de tous nos soins. »
- « le credo de la fnac s’amplifie et se renforce au fil des innovations
technologiques et des nouvelles attentes des clients – notamment les plus jeunes ».

Cependant de tels résultats et ambitions ne sont pas obtenus sur le simple développement du chiffre d’affaires. Bien au contraire :
- mise en place, en 2004 et 2005, d’un double plan social dans la foulée de la décision de fermeture d’une filiale estimée insuffisamment rentable, les fnacs service, pourtant extensions du cœur de métier historique de l’enseigne, 231 salariés touchés,
- le plan social, en cours, des services administratifs (back-office) met en danger plusieurs centaines de salariés et en oblige d’autres à changer de métier et de salaires,
- les licenciements arbitraires se multiplient,
- les départs hors de l’entreprise s’enchainent, alors qu’ils rapportent (sous forme de primes) à ceux-là mêmes qui les organisent en propageant un discours catastrophiste qu’ils contribuent eux-mêmes à mettre en scène, complaisamment, en étant incapables de prendre la moindre initiative crédible,
- faut-il le rappeler encore, le pouvoir d’achat de la majorité des salariés continue sa baisse, faute d’augmentations collectives à la hauteur des résultats faramineux, donc, de cette entreprise.

Sans véritable surprise, ce constat, partiel, de la situation interne à la fnac a engendré un mécontentement grandissant ainsi que l’ont montré les mobilisations multiples et importantes du printemps dernier. Inquiète, la direction de la fnac a embauché un nouvel homme de « communication » interne qui a aussitôt diligenté une enquête auprès des salariés en juin. Face aux résultats peu reluisants, la contre-attaque s’est organisée par le biais d’une publication, début novembre, destinée à rassurer les salariés de cette entreprise à la dimension « sociale » autoproclamée. Reprenant une technique à la mode dès lors qu’il s’agit de faire avaler des couleuvres (communément appelées « réformes »), la direction pense que si sa politique économique, forcément la meilleure – pour son actionnaire principal, probablement, mais à court terme uniquement –, est peu acceptée par celles et ceux font réellement vivre l’enseigne, c’est qu’elle leur a été mal expliquée. D’où ce grossier outil de propagande d’entreprise reprenant les principaux points d’achoppement du projet du p-d-g, fort subtilement intitulé « L’agitateur ». Craignant, à juste titre, que cela ne suffise pas, elle enchaine donc avec de nouvelles décisions.

Nouvelle et double accélération :

Ainsi, les cadeaux de cette fin d’année pour les employés, annoncés officiellement :

- un nouveau marché de dupes, toujours sous l’intitulé « Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences » (GPEC), concernant directement les vendeurs des rayons travaux photos, disques et livres, a été annoncé mi-novembre et sans vouloir donner plus de précisions avant fin décembre. La précédente GPEC a donc tourné court en début d’année et révélé son vrai visage à travers la mise en place d’un plan social, touchant les services administratifs de la fnac, soit plus de 400 personnes en France. Cette même stratégie se met donc de nouveau en place touchant maintenant près de 3000 (?) employés (travaux photos + disques + livres), les responsables de ces secteurs connaissant déjà le nombre de salariés à évincer de leurs rayons, figurant parmi les objectifs agrémentant leurs primes de fin de mois.

Cependant cela n’est toujours pas suffisant pour la direction de cette entreprise.

- le 5 décembre, cette dernière annonce une nouvelle manœuvre à l’encontre des vendeurs disques et jeux vidéo. Il s’agit, d’ici la fin de l’année, de « redéployer » d’autorité un certain nombre de disquaires à la place des vendeurs de consoles et jeux vidéo et de déporter ces derniers au rayon micro-informatique. Par cette manœuvre grossière, la direction de la fnac entend réduire au karcher les effectifs de disquaires, déjà en forte baisse ces derniers mois, avec pour conséquence la dégradation de leurs conditions de travail se traduisant par la multiplication d’arrêts maladie, la difficulté d’assurer des présences en rayon à la hauteur des amplitudes horaires des magasins et, au passage, une flexibilisation des salariés se retrouvant baladés d’un rayon à l’autre au détriment de leurs connaissances de spécialistes et de leurs horaires, manière de contourner l’acquis social des 35 heures. Que dire alors d’un déplacement d’un rayon musique classique, par exemple, à un rayon jeux vidéo !

Et d’un rayon jeux vidéo à un rayon micro-informatique !? Là aussi, c’est grossièrement, et non sans cynisme, que la direction compte se débarrasser d’un certain nombre de vendeurs en les démoralisant par un tel traitement, et ce pour un moindre coût, et devançant même son propre calendrier pré-plan social annoncé mi-novembre. Soit une manière de premier « écrémage », dans l’esprit de celui opéré l’an dernier à la suite des effets d’annonce de D.Olivennes à propos de la suppression de 40% des postes de disquaires.

Ces quelques faits, non exhaustifs, pour mieux éclairer le versant dit « social » de la fnac, clamé haut et fort à qui veut bien l’entendre par un p-d-g dont le parcours de nettoyeur (Air France, Canal Plus, Fnac) ne se dément pas au fil des années, et dont la vision « stratégique » de l’évolution de cette entreprise, en marginalisant les départements disques et livres, remet en cause l’image même de l’enseigne et, par là, sa pérennité, comme l’analyse aussi la presse économique. Enfin, une telle précipitation et une telle brutalité ne sont sans doute pas sans lien avec une cession proche de l’entreprise par le groupe PPR."


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