Enfants d'Espagne

Enfants d'Espagne

26.8.07

À TRAVERS LE MIROIR



Tous les enfants ne furent pas marqués par l'adaptation en dessin animé (celle du producteur Walt Disney, futur informateur d'Edgar Hoover) du conte des frères Jacob et Wilhelm Grimm. D'autres se contentèrent de versions du récit racontées sur disque 45tours (ayant l'avantage d'atténuer le côté tristement alliéné de la jeune vierge - trop bien rendu dans le film). L'une des plus fameuses, celle où sur la couverture le prince chevauchait avantageusement, était jouée par Germaine Kerjean, Louise Debrakel, Roger Carel, Jacques Dufilho, Henri Virlogeux et ... Raymond Barre. Si la plupart des comédiens précités avaient de sérieuses références, pensionnaires à la Comédie Française, actrices et acteurs chez Julien Duvivier, Christian Jaque, Marcel Pagnol, Jean Becker, François Truffaut, Norbert Carbonnaux ou Yves Robert, ce Raymond Barre ne semblait guère avoir de bonnes notes de service de comédien. Ce dont les enfants se moquaient puisque ce qui leur importait était son interprétation impeccable du miroir annonçant à la reine mère avec une belle lenteur des mots rondement prononcés : "Vous êtes très belle Madame la reine, mais votre belle fille Blanche Neige est bien plus belle que vous". Alors en 1976, certains crurent un peu naïvement, ne pouvant se défaire des bons moments d'enfance, que le miroir était devenu premier ministre du Royaume giscardien (t'auras du boudin !). Mais le miroir avait de drôles de reflets, ainsi, avec la même voix qui parlait à la Reine, il annonçait au bon peuple à la télévision (autre miroir déformant) en 1980 suite à l'attentat antisémite de la rue Copernic : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les Juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic ». Le miroir putride avait aussi embauché comme Ministre du Budget, dans deux de ses gouvernements successifs, l'ancien fonctionnaire du gouvernement de Vichy (et Préfet sous De Gaulle) : Maurice Papon. Il avait estimé (comme De Gaulle) que l'Etat était une chose si sacrée, qu'on ne pouvait se passer d'un bon fonctionnaire, fût il la pire des ordures. Dites nous miroir ...

25.8.07

24 AOUT 1944, ANARCHISTES ET ANTI-FASCISTES ESPAGNOLS ENTRENT DANS PARIS


"Des Espagnols sont disséminés dans toute la 2e DB, mais ils prédominent surtout dans le régiment d’infanterie du Tchad et dans la 9e compagnie de chars du 3e bataillon. Putz, un vétéran français des Brigades internationales commande le 3e bataillon et Raymond Dronne, la 9e compagnie. Pour les officiers français, apparemment, cette dernière affectation "n’était pas de la tarte" : avant la sélection de Dronne, plusieurs d’entre eux l’avaient refusée. "A vrai dire, écrit celui-ci, la compagnie inspirait de la méfiance à tout le monde et personne ne voulait en prendre le commandement." Si le capitaine Dronne est finalement choisi, c’est parce qu’il parle couramment l’espagnol, a passé beaucoup de temps en Espagne avant la guerre et, facteur peut-être plus important encore, est entré dans la Résistance dès le début. La plupart des Espagnols sont anarchistes, un certain nombre d’entre eux, socialistes et modérés."

Louis Stein - Par-delà l’Exil et la mort. Les républicains espagnols en France

Photo : En août 1944, les anarchistes espagnols, souhaitaient appeler leurs chars "Durruti" ou "Bakounine". Afin d'éviter les tiraillements avec les communistes, les officiers leur permirent seulement de leur donner le nom de batailles de la Guerre civile (ci-dessus le char Guadalajara. Nombre d'anti-franquistes se sont illustrés dans la résistance contre les nazis, ils seront bien oubliés lorsqu'ils réaliseront que leur espoir de voir les alliés défaire le troisième dictateur européen sera trahi. Franco mourra de sa "belle" mort le 20 novembre 1975.

24.8.07

LE TEMPS DES COLONIES



Lorsqu'en 1922 Abdelkrim parvient à fédérer les tribus du Rif au Maroc et repousser l'occupant espagnol (trop sûr de lui), il proclame la République confédérée des Tribus du Rif, entité post coloniale issue de la lutte. La France, alors deuxième puissance coloniale mondiale qui occupe la partie plus au sud du Maroc (Rabat Marrakech), ne le voit pas de cet oeil. N'entendant pas conforter une autonomie gagnée par les indigènes (et ayant quelques vues sur le Rif), elle propose donc à l'Espagne une alliance dans le but de mettre à bas Abdelkrim et recoloniser cette région (qui avait en deux ans réussi à mettre en place une saine irrigation, des services sociaux, la fin des luttes claniques et certains échanges avec l'étranger). Pour ce faire, elle envoie son glorieux héros Philippe Pétain (antisémite avéré dès l'Affaire Dreyfus et futur Ambassadeur de France dans l'Espagne de Franco puis chef du gouvernement français de la collaboration avec les nazis) en lieu et place de Louis Lyautey (colonisateur jugé trop faible). Pétain, à la tête d'une armée de 200 000 hommes, se joint aux 250 000 hommes de l'armée espagnole menée par le dictateur Miguel Primo de Rivera lui-même. Abdelkrim ne trouve pas de soutien chez les sultans et autres dignitaires marocains corrompus. C'est une démonstration sanglante des moyens militaires "modernes" (ainsi que le fera plus tard l'Allemagne dans la Guerre d'Espagne) comme l'aviation où l'utilisation perfectionnée de l'ypérite (gaz moutarde qui attaque les poumons et les yeux, particulièrement meurtrier pendant ses premières expérimentations lors de la première guerre mondiale). Pétain est partisan d'une guerre totale et sans merci. L'armée française (avec quelques pilotes mercenaires) gaze les villages du Rif, y compris après la proposition de reddition d'Abdelkrim (qui ne veut pas sacrifier la population civile), dans le seul but de faire un exemple. On estime à plus de 150 000 le nombre de civils tués par la guerre chimique. Les seuls à protester contre cette énormité sont les anarchistes français et espagnols, le parti communiste français ainsi que les surréalistes (André Breton porte sa signature à un appel contre cette guerre immonde), les humanistes comme Albert Kahn ne diront rien. En 1926, Abdelkrim est emprisonné à la Réunion (colonie française). En 1936, Buenaventura Durruti cherche sans succès à le faire évader pour créer un front anti-franquiste au Maroc où sont basées les troupes de Franco.

Pourquoi parler de ça maintenant ? Ah oui ! L'idée est venue en écoutant les nouvelles à la radio le 21 août avec le chef du Ministère de l'Identité Nazionale, Brice Hortefeux affirmant être "légèrement en-dessous de l'objectif 2007 de 25 000 reconduites à la frontière d'étrangers en situation irrégulière" et appelant "à redoubler d'efforts pour interpeller les personnes en situation irrégulière" et une officier de Police commentant la bonne tenue des expulsés : "avec les Sud Américains, pas de problème, les Asiatiques ça va à peu près, les Roumains sont parfaits, à la limite ils sont dans l'avion avant nous, les problèmes sont toujours avec les mêmes, certaines populations d'Afrique, les Maliens, les Maghrebins". Des descriptions conformes aux manuels d'histoire-géo du pro-colonial Jules Ferry. Bis repetita.

20.8.07

GARY JONES


Gary Jones, bassiste du groupe Continental Drift de Mike Cooper est mort aujourd'hui à 56 ans des suites d'un très pénible cancer. Il avait aussi joué avec Jean-François Pauvros et Ted Milton et le groupe Beating Time avec Paul Burwell et Tim Hill.

17.8.07

MAX EST ALLÉ FAIRE AILLEURS




Max Roach, batteur de be-bop héritier en direct de Kenny Clarke, copain de Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Miles Davis, Charlie Mingus, Clifford Brown, Abbey Lincoln, Sonny Rollins, Archie Shepp et Cecil Taylor, valseur des drums, amateur de rap, militant réclamant la liberté sans condition NOW ! s'est endormi le 16 août à 83 ans sans se réveiller. Ce n'est pas une angine blanche.

14.8.07

PAUL RUTHERFORD



En 1974, le tromboniste Paul Rutherford, l'un des fondateurs de la Free Music européenne, publiait le disque solo : "The Gentle Harm of the Bourgeoisie" posant les bases d'une nouvelle pratique du trombone qui fit école (harmoniques, multiphoniques, chant en jouant ...). Ce compagnon de la première heure de John Stevens, Trevor Watts, Evan Parker, participant à la première séance de musique improvisée anglaise en 1966, fondateur d'Iskra 1903 (du nom du journal de Lénine) avec Derek Bailey et Barry Guy, indispensable acteur de la bouillante scène européenne avec le Globe Unity, Peter Brötzmann, Howard Riley, le London Jazz Composers, improvisateur hors pair, partagea aussi les vues musicales de Mike Westbrook, Charlie Watts, Don Cherry, Keith Tippett, Soft Machine et même Alex Harvey. Il était l'un des réguliers des soirées du Dunois des années 80 (avec Paul Rogers, Lol Coxhill ...) et était venu à plusieurs reprises au festival de Chantenay (avec Tony Coe - Le Chat se retourne -, en quartet de trombones avec Radu Malfatti, Alan Tomlinson, Conrad Bauer et le batteur Christian Rollet ...). Ce maître de la Free Music doté d'un bel humour (son répondeur un temps disait crument qu'il était Paul Rutherford et n'avait rien à voir avec Frankie goes to Hollywood) était un peu oublié ces derniers temps. Son dernier grand orchestre à vent avec Evan Parker, Henry Lowther... mêlait improvisation et composition. Sylvain Kassap avait eu la très bonne idée de l'inviter dans son ensemble néo-orléanais. Paul Rutherford est mort le 5 août dernier à 67 ans.

Photo Caroline Forbes

11.8.07

MONUMENTAUX MENSONGES



"Le sanctuaire des martyrs valenciens" est le nom d'un monument en construction à Valence qui entend rendre hommage aux ecclésiastiques "victimes" des milices anarchistes, socialistes, marxistes et républicaines pendant la guerre d'Espagne. L'église catholique espagnole (à l'exception du clergé basque) s'était rangée aux côtés des fascistes de Franco qu'elle a largement soutenus comme elle avait soutenu toutes les dictatures et royautés précédentes. L'ordure qui a eu l'idée de ce monument est l'archevêque de Valence Agustín García-Gasco. Le pape Jean-Paul 2, à qui l'actuel maire de Paris a "offert" la place Notre Dame en la renommant du nom de ce sinistre représentant de l'Opus Dei, avait déjà fait canoniser le fondateur de l'Opus Dei Escríva de Balaguer, autre saloperie notoire, et béatifier un paquet de curetons fascistes. Ce monument fera mal à l'histoire comme font mal le Sacré Coeur à Paris, hideuse basilique construite pour expier les "crimes de la Commune" ou le Mont Rushmore célèbrant quatre présidents des USA sculptés à même les Collines Noires (site appartenant aux Indiens lakotas par traités - violés - non loin du lieu du massacre de Wounded Knee). Les temps glissant et la vérité se réduisant petit à petit, dans l'indifférence instituée, à peau de chagrin, verra-t-on un jour sans sourciller un monument dédié à l'auteur de ces lignes :"Ici encore, il nous faut prendre des leçons de l’Eglise catholique. Bien que son édifice doctrinal, sur plus d’un point- et souvent d’ailleurs d’une manière surtout apparente- heurte la science exacte et l’observation, elle se refuse pourtant à sacrifier la plus petite syllabe des termes de sa doctrine. Elle a reconnu très justement que sa force de résistance ne réside pas dans un accord plus ou moins parfait avec les résultats scientifiques du moment, résultats d’ailleurs jamais définitifs, mais dans son attachement inébranlable à des dogmes établis une fois pour toutes, et qui seuls confèrent à l’ensemble le caractère d’une foi", Adolph Hitler.

AU REVOIR LES ENFANTS



Enfants

"Ada (the narrator):

Tell me tell me tell me tell me tell me can you please tell me why
We play games
When you know you know you know you know you always tease till I cry
Just the same
Why must you be always winning
When we make some new beginning
If we're gonna
Play through the day through the day through the
Daylight hours
Time all the time all the
Time is ours
Can't we share what's yours and mine ??

Tell you tell you tell you tell you tell you can I tell you when I
Hear your name
Wish I wish I wish I wish I wish I wish I wasn't so shy
Such a shame
All the years that lie before us
All the play that will restore us
So we're gonna
Play through the day through the day through the
Daylight hours
Time all the time all the
Time is ours
Can we share what's yours and mine ??

Boots :

Little children, take a load off
Sit in a Circle cross your legs and take your coat off
I hope you’re ready, for today’s lesson
And let me know by raising hands if there is a question
You are no killers , you are not dummies
In fact you are smarter and you are nicer than your daddies and your mummies
There’s a war on, and you don’t like it
We need your help to change the World
So it is magic you’ve got to spread
You had nightmares
Are you hungry?
Do you worry how your parents will get money
We need to stop it, because you own the sky
And it’s a crime for us all if you stay home and cry
Now don’t despair, because the hope is there
Smile in the mirror every morning when you comb your hair
You are the fire, you’re like the spirit
You are a conscience pushing us when we don’t want to hear it

D’ :

Enfant, toi qui ne peux plus rêver qu’à un monde cadenassé.
Cloîtré, prostré dans ses démons du passé. Enfant blessé.
Enfant, pleurant, criant, souffrant, enterrant son innocence en titubant,
Sentant l’angoisse des lendemains oppressants.
Enfant enfermé, en porte-à-faux, fragile, pris dans les fissures profondes de l’adulte folie,
Fournissant la frêle matière aux funestes fables d’aujourd’hui. Enfant meurtri.
Enfant, toi dont les soi-disant bien-pensants, disent que tu es le futur,
Alors que si tu vas en boitant, c’est parce que tu es le présent,
Dans ce qu’il a de plus douloureux et vivant.
Enfant, toi l’enfant.


Spike :

Enfants issus d’une affreuse école qui ne distribue que des étiquettes et des mauvais points,
Où bac à diables, cours d’avilisation et terrain de feu ne font qu’un,
L’enfant que l’on disait fou a préféré fuir ce monde à force de souffrir.
Dans la fine fleur de l’âge, il s’est laissé finir sous le feu nourri des forces armées.
Enfante à ton tour, trouve la force, fonde une famille,
Offre ton amour, affaire-toi, vas-y, fouille.
Ils ont enfoui le fruit de tes futurs efforts, fils !

Ada (the narrator) :

Tell me tell me tell me tell me tell me can you please tell me why
We play games
When you know you know you know you know you always tease till I cry
Just the same
Why must you be always winning
When we make some new beginning
If we're gonna
Play through the day through the day, through the
Daylight hours
Time all the time all the
Time is ours
We can share what's yours and mine"


(Hymas, Riley, D' de Kabal, Spike - Ursus Minor Zugzwang -2003)

9.8.07

ORNITHOLOGIE



L'ornithologue William Banfil était récemment en France pour une étude de comportement de certaines espèces d'oiseaux en Baie de Somme. Ses travaux sur le sens de la responsabilité de l'oiseau comptent parmi ses grandes réussites (parfois contestées). Les positions du professeur Banfil contre la guerre et la politique étrangère des USA est connue du monde scientifique. Lors de ce voyage en France, l'homme qui dit volontiers qu'il a des chats pour ne pas prendre les airs, a dîné à Paris avec quelques spécialistes français de l'ornithologie (au menu une croustinade de piranelle, son plat favori) ; le thème de la discussion était : "quand le trop plein génère le grand vide". Thème d'actualité s'il en est.

7.8.07

AH LES BELLES COULEU(V)R(E)S - (OLÉ OLÉ !)


L'ami de Mireille Matthieu et Johnny Hallyday, Napoléon IV, a rendu hommage samedi dernier à (tenez vous bien) Art Davis (contrebassiste disparu ce week end ayant participé à Olé, Africa Brass et Ascencion de John Coltrane et honorable sidemen - Gillespie, Kirk, Roach, Basie, Hodges...- ayant connu des ennuis pour avoir dénoncé le racisme sévissant dans l'industrie musicale). "Art Davis est un remarquable musicien et un formidable contrebassiste. Il a joué avec les plus grands noms de la planète du jazz. (...) Art Davis s'est aussi beaucoup battu pour que cessent les discriminations à l'embauche et le racisme à l'égard des personnes de couleur, discriminations dont il a pu souffrir lui-même dans sa carrière de musicien (...) En suivant parallèlement à ses activités musicales une carrière universitaire et médicale comme psychologue, Art Davis a apporté une preuve supplémentaire que la musique conduit à tout, et que c'est la plus belle expression de l'intelligence et de la tolérance". La musique conduit à tout ? À voir. Les préposés aux discours nécrologiques, certainement.

5.8.07

À UN PRÈS



Ce matin, sortant de la boulangerie près du canal, un homme s'adresse à un pompier rejoignant sa caserne "Vous savez, quand j'ai vu qui était élu président, j'ai pleuré et j'ai eu envie de dégueuler !". Le monde présent par ses mutations et modifications génético-intellectuelles des êtres consommables ou consommateurs offre de plus en plus d'occasions biologiquement légitimes de vomir et pourtant on fait comme si l'on vivait dans une bienveillante méga-station balnéaire. Le boycott (n'ayez pas peur du mot, c'est juste du non achat et ce n'est pas passible de poursuites) de produits aussi signifiants que Coca Cola, Starbucks, Nike, Nestlé, Kellogs, Shell... (par leurs atteintes à la santé ou/et aux droits de l'homme) est une chose simple à la portée de tous et plus efficace que le tristement farceur bulletin (de moins en moins hygiénique) de vote. Plus que la philosophie de la non violence, c'est la puissance du boycott et de la désobéissance civile qui a fait la force des actions de Mohandas Karamchand Gandhi ou Martin Luther King. Alors que l'on nous répète toujours l'horreur de "ceux qui savaient", on "sait" aujourd'hui plus que jamais et l'on ferme les yeux grâce à des formules pratiques ("Ce n'est pas si simple", "Faut pas tout mélanger", "Ca n'a rien à voir" ...). On n'est pas à un près !

En 1939, un menuisier allemand, Johann Georg Elser, posa une bombe à Münich dans le but d'éliminer Hitler et d'éviter la guerre. Hitler sortit indemne de l'attentat car écourtant sa prestation, pressé de reprendre le train du retour. La bombe tua huit membres du parti Nazi et Elser fut arrêté par la Gestapo alors qu'il cherchait à passer en Suisse, envoyé à Dachau puis fusillé. Il fut critiqué même par des opposants du Nazisme ("Ce n'est pas la solution"...). La solution fut finale (et une nouvelle ouverture sur la barbarie qui n'en finit pas de durer dans toutes ses versions). Le temps que l'on s'en rende compte, d'autres tentatives d'assassinat manquées du chancelier-dictateur-transformateur-exterminateur allemand eurent lieu en 1941, 1943 et (dont la plus connue) en 1944 (il était bien tard). La seconde guerre mondiale qui succédait directement à la guerre d'Espagne indicatrice (hypocrisie et barbarie) fit "environ" 60 000 000 de morts dit-on. Le chiffre le plus précis avancé est de 56 125 262, mais ce n'est pas à un près, pas à un près. Elser manqua son coup (et le nôtre) à "un près".

À un près, c'est aussi chacun de nous, chacun responsable de tout (par nos actes ou nos absences d'actes), chacun redevable à l'humanité.

4.8.07

DE NOUVEAU VISIBLE :
L'ANNÉE DES ZLITONS



Lorsqu'en 1934, Melvin Busdebel achève son film L'année des Zlitons, il est loin de se douter qu'il deviendra film culte pour un public marginal et décidé de la fin des années 1980. Cette sorte de fresque étrange mêlant science fiction et histoire (avec d'ailleurs une rigueur pour les scènes historiques rare dans le cinéma de l'époque - et à venir - on pense notamment à la séquence mettant en présence les compagnons de Jeanne d'Arc) fut plutôt (très) mal reçue à l'époque. Le critique James Cardwell dénonce dans Movie Now "la prétention d'une oeuvre dont le seul but est de nuire au cinéma tout entier" et le très dandy Cornell Zorech y voit tout simplement le premier signe de "la fin de l'art". La bande musicale très fournie, l'humour jouant à cache cache avec la gravité des scènes, le jeu des acteurs allant du burlesque à une économie quasi bressonienne, la permanence d'une "recherche de la profondeur de champ", c'est ainsi que Busdebel définissait sa démarche, sont aujourd'hui d'une actualité troublante. Si L'année des Zlitons n'est certes pas la fin de l'art, il contient pourtant le message annonciateur de la mutation de la société industrielle et de l'ancrage dans l'histoire comme nécessité. Souhaitons que l'édition en DVD du film (hélas seulement au Danemark, disponible en import) rende justice à un cinéaste, auteur de deux films par trop méconnus (l'autre L'entrée du Capitaine film muet -70 mn - de 1926 étant moins ambitieux).

1.8.07

HEUREUX COMME UN TROMBONE À ULYSSE



Il y a quelques années, pour certains élèves, la lecture des poèmes de l'Angevin Joachim Du Bellay était une sorte de torture lente. L'expressivité de son célèbre portait, proche de celle de l'inspecteur Derrick, n'aidait pas à le prendre en sympathie. Pour ceux-là, la fin de l'école, c'était le passage de ce pédant défenseur de la langue française dans l'oubli. Seulement voilà, une professeure célèbre pour ses voyages en Ile-de-France s'est mise en tête de réhabiliter le co-père de la Pleïade auprès de ses anciennes victimes. Elle invoque les grandes qualités rythmiques du poète. Bon, une fois relus ces boursoufflés poèmes et réécoutés Jo Jones, puis Bernard Purdie, James Brown, King Curtis, Max Roach, Public Enemy, les Last Poets, désolé princesse mais le copain de Ronsard qui rêvait d'une carrière militaire et qui a pompé ses prédécesseurs italiens (Pétrarque) ainsi que les Anciens sans vergogne, swingue comme un paquet de gnocchis.